Plus de mille semis d’arbres par minute plantés au Canada

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Pendant que vous lisez cette phrase, 169 semis d’arbres auront été plantés dans les exploitations forestières canadiennes. Le temps de vous rendre à la fin du présent article, ce nombre sera passé à plus de 2 500. En moyenne, plus de mille semis d’arbres sont mis en terre chaque minute pour assurer la régénérescence du riche couvert forestier canadien. La dernière récolte annuelle de bois, pour les besoins en bois d’œuvre, en pâte de bois et en papier, correspond à 0,2 % de la ressource forestière totale[i].

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Nombre moyen de semis d’arbres par minute plantés au Canada

Les compagnies forestières régénèrent la portion de forêts qu’elles exploitent par intérêt, car elles veulent avoir accès à la ressource dans un avenir proche, mais aussi parce que plus de 90 % des ères d’exploitation forestière sont situées sur des terres de la Couronne, qui sont la propriété des provinces. Ces compagnies doivent se plier aux normes provinciales de gestion durable, c’est la loi. Actuellement, on prélève 30 % moins de bois d’œuvre que la limite de développement durable permise[ii]. L’industrie forestière canadienne a une longueur d’avance à l’échelle mondiale en ce qui a trait à la certification indépendante (effectuée par une tierce partie) et à la certification de traçabilité (chain-of-custody certification), qui garantit l’écoresponsabilité à toutes les étapes de l’approvisionnement en matière première[iii]. Ces indices environnementaux font l’unanimité au Consumer Goods Forum, une association internationale de détaillants et d’entreprises de biens à la consommation[iv].

En quoi ces données concernent-elles l’emballage de papier? Les fabricants d’emballage de papier ne sont en aucun cas les principaux « consommateurs » de la ressource forestière. La part des insectes est 14 fois supérieure à celle des secteurs du bois d’œuvre et des pâtes et papier mis ensemble, et la part des feux de forêt, 4 fois supérieure[v]. En fait, pour la plupart, les boîtes et les emballages de carton faits au Canada sont entièrement composés de fibres recyclées qui proviennent d’usines, de supermarchés ou de programme de récupération à la source. Cela dit, la perception populaire en revient irrémédiablement à l’arbre et à la gestion collective de la ressource forestière. Cela ne pose aucun problème à notre secteur : nous sommes en mesure de prouver que l’industrie forestière canadienne a fait, et fait encore, un excellent travail de gestion durable.

 

Ce qui nous pose problème, c’est plutôt le peu d’attention que portent les consommateurs et les administrations publiques à la gestion des ressources non renouvelables utilisées par un autre segment du secteur des emballages, qui ne semble avoir aucun remords à traîner notre industrie dans la boue et à occulter le fait que nous utilisons une matière renouvelable. On a beau chercher, on ne trouve nulle part de certification de traçabilité ni de certification indépendante prouvant l’écoresponsabilité des matières premières utilisées par ce secteur.

Dès qu’il est question de responsabilité élargie des producteurs (REP), les gros détaillants et les entreprises de biens à la consommation défendent bec et ongle le maintien de conditions équitables pour eux-mêmes et pour les importateurs d’emballages. Les mêmes insistent pour que des règles de concurrence équitable régissent le commerce avec les fabricants des différents types d’emballage, par exemple en évitant l’interfinancement dans le calcul des coûts. Beaucoup de ces entreprises aux visées égalitaires ont exigé de leurs fournisseurs du secteur des emballages de papier que leurs produits répondent aux normes les plus strictes de traçabilité et d’écoresponsabilité, le tout attesté par une certification indépendante. Maintenant, tout le crédit leur revient.

Que font ces entreprises, au-delà des mots, pour mettre en place des exigences similaires de traçabilité et d’écoresponsabilité selon un mécanisme de certification indépendante pour les produits dérivés du pétrole et du gaz naturel, des ressources non renouvelables? Notre secteur n’a-t-il pas droit comme les autres à des règles de concurrence plus justes?

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[i] Le nombre de semis par minute a été calculé à partir des 500 millions de semis d’arbres plantés annuellement au Canada. L’ère d’exploitation forestière (0,2 %) provient du rapport annuel 2013 publié par Ressources naturelles Canada, The State of Canada’s Forests (p. 11 et 19).

[ii] Ibid., p. 11.

[iii] Ibid., p. 4. Environ 38 % des exploitations forestières détenant une telle certification se trouvent au Canada. Voir à ce sujet le communiqué du CEEPC sur la certification de traçabilité de ses usines membres.

[iv] Voir à ce sujet le protocole international régissant la gestion durable de l’emballage (Global Protocol on Packaging Sustainability) publié par le Consumer Goods Forum.

[v]The State of Canada’s Forests, ibid., p. 45. L’ère d’exploitation s’étend sur 0,6 millions d’hectares; les feux ont ravagé 1,9 millions d’hectares; les arbres défoliés par les insectes et tués par les coléoptères couvrent 9,2 millions d’hectares.

John Mullinder

Executive Director Paper & Paperboard Packaging Environmental Council (PPEC)
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